C’est par l’entraînement qu’on acquiert un corps martial.
Depuis des siècles, les arts martiaux japonais utilisent les exercices effectués seul (tandaku renshu) et les katas (séquences codifiées) pour multiplier la fréquence de la pratique.
Il existe également plusieurs termes japonais pour désigner l’entraînement dans un dojo. Le plus courant et le plus utilisé est est le terme keiko 稽古. Il est constitué de deux idéogrammes dont le premier 稽 sous-entends l’idée d’examiner, d’inspecter et le second 古 celui de l’ancien. Le tout pourrait se traduire littéralement par l’étude d’un héritage (technique/martial).
Mais il existe d’autres termes pour désigner l’entraînement comme shûren 修練 et tanren 鍛錬 qui englobent par rapport à keiko l’idée d’une continuité temporelle, d’une recherche de maîtrise avec dévotion et intensité qu’une telle pratique sous-entends. Tanren en effet doit pétrir, relâcher, purifier(*) le pratiquant.
On voit bien la différence entre une activité physique à la mode occidentale (sport) qui majoritairement s’apparente à un loisir, un passe temps et pour une plus petite part à la recherche d’une performance, quitte à s’affliger une souffrance en s’illusionnant que la fatigue et les courbatures produites par la séance sont un indicateur d’un bon entraînement.
Les pratiques issue des koryû japonais sont à l’inversent d’une telle pratique sportive.
Sensei dit qu’ « il faut s’entraîner en profondeur afin de se former une forme de corps nécessaire au bujutsu. Se forger un corps martial (bujutsutaï 武術体) basé sur les principes fondamentaux qui sont la base des bujutsu, ensuite au travers d’exercices avec un partenaire, apprendre à les utiliser. Et où par un cycle continu d’entraînement, où la maîtrise croissante engendre l’expérimentation et provoque l’innovation croissante, on fini par acquérir (taitoku 体得) la technique (jutsu 術). »
(*) l’idéogramme Ren 練 : lustrer, pétrir, polir, former se retrouve dans malaxer (métal) 錬る. Il compose par ailleurs le terme alchimie (renkinjutsu 錬金術)