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Notre premier stage au Japon.

Je me rappelle encore de cet instant, le soir du 23 octobre 2014 chez moi lors du repas après la quatrième journée de formation intensive, où sensei s’est levé de table en saisissant un verre et tapant de la cuillère sur son bord à demandé le silence. Toutes les têtes s’étaient tournées vers lui interpellées par cet inhabituel appel à l’écoute.

D’une voix émue, il s’est exprimé et a prononcé sa demande: « cela fait des nombreuses années que je viens en France pour vous instruire et j’ai parcouru votre pays, il est grand temps que vous veniez me voir maintenant afin que je vous fasse découvrir le mien »

La demande fut accueillie avec enthousiasme ponctué d’huées vivaces. Mais qui furent de courte durée quand la réalité d’une telle entreprise, à coordonner avec tout le monde, pris forme dans nos esprits.

Ils nous a fallu deux ans. Deux ans de préparation, d’économies et d’organisation pour réaliser ce projet: Aunkai Nippon Tour 2016.

Mais le challenge et le stress n’était pas seulement de notre côté. Sensei avait le sien car il souhaitait nous accueillir dans les mêmes conditions que nous l’accueillons habituellement en France.

Tout le monde à relevé le défi et ce fut une réussite. Un voyage inoubliable. Ponctué de rencontres et de partages.

Malheureusement, à peine trois instructeurs sur huit ont pu faire partie du voyage. Les aléas de la vie font que les rêves sont parfois mis e côté, repoussés à plus tard.

J’ai par contre pu partager cette aventure avec cinq de mes élèves. Et j’étais très fier de les voir aussi enthousiaste que moi. Ce fut le premier voyage des élèves français au Japon. Ce fut également le premier voyage du Tateishi dojo au pays du soleil levant.

Le lieu du stage a été choisi scrupuleusement selon un cahier de charge bien définie. De la place pour un grand nombre de participants en pension complète. Un grand dojo. Et une « table » à la hauteur.

Sensei, friand de randonnées dans les montagnes avait repéré un gîte à Chichibu situé dans la préfecture de Saitama, à une trentaine de kilomètres au fond de la campagne. Un endroit magnifique où dès le premier jour, avant le levé du soleil nous pûmes avec sensei faire une randonnée en haut d’un mont pour admirer la beauté du paysage et l’éclat du soleil levant.

Mais la plus grande surprise, nous l’avons découvert tous ensemble, lors d’une balade au Hannyasan Hôshô-ji Temple. Où sous la porte d’entrée nous découvrîmes l’inscription « A Un »

Cette formation intensive aux couleurs nippones était également une occasion de rencontrer les élèves japonais de l’Aunkai. Une rencontre sous tension car c’était la première fois qu’une telle occasion se présentait. L’occasion pour laquelle, sensei à demandé à tous ses élèves de participer.

Connaissant le rythme de travail japonais et le peu de jours de congés qu’ils possèdent, c’est avec stupéfaction et admiration que nous avons découvert une quinzaine de participants se relayer tous les deux jours pendant la durée du stage.

Le gîte était parfait. La nourriture traditionnelle et variée. Le couchage typique sur les futons et tapis japonais en bambou en salle commune. Un onsen pour les garçons et un autre pour les filles.  Un dojo de plus de 200 m2 sur parquet en bois. Et une terrasse couverte avec table équipée de barbecues. Tout pour se sentir bien.

L’entraînement journalier était reparti sur six heures avec des after pour les gourmands.

Le contenu technique n’a pas trop différé de la dernière FI française. Globalement, il a été composé de 3/4 du travail sur des applications de plus en plus poussées. Ponctué du travail au bâton, de frappes connectés et du sparring.

Les consignes étaient systématiquement les mêmes: garder sa structure en toute occasion, lire celle du partenaire, saisir son centre, provoquer le kuzushi et terminer l’action.

Mais deux concepts furent particulièrement mis en avant. Produire le mouvement de l’intérieur (naïdo 内動) et glisser sur le partenaire, slido à l’anglaise car sensei n’a pas utilisé de terme japonais.

Au  niveau des échanges, pour moi en tout cas, ce fut un stage phénoménal. Rencontrer mes frères d’armes nippon était non seulement une occasion de les connaitre. C’était également une occasion de comparer nos niveaux. De voir, de constater les effets et les résultats de l’enseignement de sensei sur deux groupes différents éloignés par des milliers de kilomètres.

Et le partage fut immense. Chacun donnant à coeur ouvert comme si nous nous connaissions depuis des années. Chose facilité par les constants retours de sensei qui faisait des CR à ses élèves à chaque retour de France. On se sentait en famille. Avec un air de « cousinade ».

Une fin de matinée, quand les munitions de houblon pointaient à sec, sensei à demandé à Murata san et à moi même de prendre le cours en main pendant qu’il filait recharger le stock de bière. Nous nous sommes partagés les stagiaires en deux groupes, lui prenant les français et moi les japonais.

Ce fut un honneur et une excitation sans bornes. Animer un atelier avec des élèves de sensei! Visiblement, vu leurs retours, j’ai bien remplis cette mission. Moi en tout cas elle m’a marqué. Merci à eux pour leurs écoute.

Si je dois terminer ce compte rendu très personnel sur une note, ça sera celle du bonheur de sensei. De son excitation pour rendre cette première rencontre inoubliable. Et incontestablement, elle le fut.

Bien sur, ce voyage n’aurait pas eu la même saveur si nous nous contentions que de la FI nipponne et du tourisme. Non, nous sommes venu pour sensei et nous souhaitions terminer sur la même note. C’est pour ça qu’un cours fut programmé à Tokyo avec les élèves japonais qui n’ont pas pu participer à cette aventure.

Et là encore, les échanges furent excellents. Décidément l’Aunkai est une grande famille.

Dômo arigatô gozaimasu sensei!!!

Et maintenant, place à quelques photos qui ne peuvent malheureusement pas décrire l’ambiance de ce séminaire.

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