J’ai lu dernièrement deux articles des pratiquants d’Aunkai, Filip et Xavier qui, chacun à leur tour ont développé une réflexion sur la pratique des armes en Aunkai.
Comme souvent, chacun parle avec sa sensibilité, sa compréhension et son expérience dans sa pratique d’origine. N’étant pas forcement d’accord sur tous les développements qui ont été fait, j’ai condensé ma réflexion et en voici ce qu’il en est ressorti.
Voici donc une « contre-enquête sur la pratique des armes en Aunkai »
Comme les mots ont une importance et induisent notre pratique autant qu’ils n’influencent notre compréhension des choses, il nous faut définir l’objet de notre réflexion: l’arme.
Selon LAROUSSE, une arme c’est :
« Tout objet, appareil, engin qui sert à attaquer (arme offensive) ou à se défendre (arme défensive) : Arme blanche. Arme à feu. Arme atomique, chimique. »
Après l’avoir définit, situant son utilisation au niveau temporel au sein de l’Aunkai.
J’ai assisté (sauf le tout premier) à tous les stages d’Akuzawa sensei et j’ai repris l’organisation de ceux-ci en 2010. Ce qui m’a permis de vivre la mutation et la maturation de cette école au fils des années. Et jamais, je n’ai entendu maître Akuzawa, quand il se servait d’un jo ou d’un bo, affirmer qu’il utilisait une arme ou s’en servait comme telle.
Mais il y a des arts martiaux qui utilisent ce genre d’ustensiles comme armes?
Tout à fait, d’autres écoles utilisent des bâtons de longueurs différents, voir d’autres objets qui, détourné de la vie quotidienne sont utilisés comme des armes. L’exemple okinawaïen en est une parfaite illustration et donne un aperçu de l’imagination et de l’adaptabilité humaine.
Mais les écoles japonaises ne sont pas excluent de ce répertoire. Dans beaucoup de koryu et d’autres écoles qui ont en ont découlé (Daïto-ryu, Aïkido, etc…) et dans la très grande majorité des cas, des katas contenant des attaques et des défenses sont agrémenté de nombreuses techniques.
Qu’en est-il alors en Aunkai?
Les anciens Chinois nommaient le bâton « Mère de toutes les armes« … Il était, en effet, considéré à la fois comme un outil, une arme et un instrument symbolique de pouvoir.
En Aunkai on utilise beaucoup le rokushakubo (六尺棒), littéralement bâton de 6 shaku. Mais le bâton n’est pas utilisé comme arme offensive ou défensive mais comme un outil de correction et de renforcement corporel.
棒と槍が体の動き方を教えてくれる : « le bâton et la lance nous enseignent comment bouger »
Même si le parallèle et l’intention dans certains exercices renvoie au travail de lance, notamment dans sa version chinoise
Y a-t-il d’autres ustensiles utilisé en Aunkai?
Maître Akuzawa fait constamment référence au ken car pour lui le maniement du sabre dépends de l’utilisation correcte du corps. Car chaque mouvement est produit de l’intérieur. Mais prétends ne pas savoir s’en servir.
Sinon, depuis quelques stages déjà, il a pris l’habitude de servir de deux bouts de bois, similaires à un tanto (dague japonaise de +/- 30 cm) mais autre des explications démonstratives où ces objets permettent de mieux décrire l’idée, la gestuelle, le cheminement de l’ondulation, il ne s’en sert que comme support de massage et d’accu-pression. Voir s’en sert comme un moyen de travailler son équilibre en montant dessus et exécutant le push-out, par exemple.
Pourtant certains pratiquants ont intégré le travail du furibo/suburito dans leurs routines quotidiennes?
Je crois que ce choix à été influencé par le passage d’Akuzawa sensei au dojo de Yukiyoshi Sagawa (Daïto-Ryu) qui a développé des nombreuses façons de forger son corps tout au long de sa vie.
D’autant que Sagawa sensei avait la réputation d’être un grand maître de la force interne et de sa maîtrise de l’aïki. Et sa renommée a été entretenue par son héritier Kimura sensei.
Même si Akuzawa sensei est rentrée dans le dojo de Sagawa, plus pour comprendre les principes d’utilisation corporelle que pour multiples techniques (selon les branches il y a jusqu’à 4500 techniques) d’après lui. Le passage dans ce dojo où il n’était pas facile de rentrer semble entraîner un aura de préstence aux yeux occidentaux.
Pourtant, à la lecture des divers témoignages, notamment celui de sensei qui a dit que Sagawa n’enseignait plus personnellement quand il est rentré dans son dojo et que celui-ci à fini les dernières années de sa vie complètement arthrosé cloué sur son fauteuil.
Les exercices de suburi (素振り, litt. « sabre nu, dépouillé ») sont principalement utilisé en kendo et en aïkido. Il consiste à faire des coupes de sabre dans le vide. Cet exercice permet un travail technique (synchronisation des mouvements bras/jambe) ainsi que l’augmentation de la souplesse du dos et des épaules. On peut le pratiquer avec un bokken (ou bokkuto, sabre en bois), ou bien un suburibokken (ou suburito, qui est un bokken plus lourd) afin de faire travailler la souplesse et les muscles.
La tradition veut que dans le balancement du furibo 10 000 fois réside la « puissance mystérieuse ».
Il est tout a fait compréhensible que des pratiquants cherchent à se forger des muscles du Budo. Mais l’envie et la prétention de savoir manier un furibo sont une chose, savoir le faire correctement sans se faire mal en est une autre. D’autant que très souvent c’est un effet inverse qui est retrouvé à la sortie.
J’ai moi même emprunté cette voie quelque temps mais j’ai pris soin de prendre conseils auprès d’amis pratiquants qui suboritaient à longueur des journées. 😉 Mais à force de pratique je me suis rendu compte que cet exercice, non seulement n’était pas enseigné au sein de l’Aunkai, était parfaitement expliqué et décortiqué dans les exercices d’Aunkai, notamment dans le age-te et sage-te (lever les mains et baisser les mains).
Encore une fois, l’ingéniosité de maître Akuzawa à décortiqué les principes en les séparant et en les faisant travailler à part permet de mieux les comprendre et de mieux les assimiler.
En conclusion cela nous donne quoi de concret?
Présenter armes! ….Ou pas en Aunkai?
Chacun y trouvera ce qu’il cherche. Certains seront d’un avis qu’un bâton est une arme même s’il n’est pas employé comme tel comme d’autre trouverons qu’un boken en est une aussi (là, même si le sabre de bois ne coupe pas, il est effectivement employé dans la bonne définition de terme)
Toute pratique, aussi investie soit-elle comporte deux tendances indissociables: le passif du pratiquant et son objectif. Qui lui est sujet aux constants réajustements évoluant selon nos progrès. Et avant toute chose nous devrions nous tourner vers notre pratique. Et pratiquer armé ou pas! 😉
Merci pour tous ces articles et ce travail, ça m’aide beaucoup et c’est toujours très intéressant.
C’est un peu le but 😉
C’est trop gentil!! Je vais voir si on peut faire une collecte de fond pour t’offrir un gros gâteau pour la prochaine FI 😀