Sélectionner une page

Cela fait déjà trois jours que je suis rentré du séminaire d’Aunkai donné par Akuzawa senseï et je dois avouer que la tête autant que le corps sont remplis des souvenirs.

Le noyau français d'Aunkai (photo de Nori Kubota)

J’avoue avoir traîné un peu sur le compte rendu du stage, sur la transcription de mes ressentis devrais-je dire, car d’un avis commun à tous les anciens ce fut de loin le meilleur séminaire que nous ayons eu.  Est-ce, Akuzawa qui a donné un peu plus cette fois-ci où est-ce que c’est nous qui avions suffisamment travaillé, progressé pour enfin saisir, un tant soit mieux, ce que senseï nous montrait; je parierais pour les deux. Quoi qu’il en soit ces six jours furent, à tous les niveaux, d’une grande intensité.

Bouger avec tout son corps (photo de Marguerite Van Groeningen)

L’aventure commença à Bruxelles où presque tous les instructeurs ont pu venir pour profiter de la présence et de l’enseignement de senseï.

L’absence de Manabu en Belgique, bloqué à Beijing pour cause des modifications d’horaires de vols suite à un tremblement de terre, m’a fait endosser le rôle de l’assistant auprès d’Akuzawa. J’ai pu donc tout naturellement goûter aux coups de bâton, coups de coudes et servir d’exemple pour des techniques d’étirement à la japonaise. Rien de mieux pour vous mettre dans le bain avant le séminaire parisien!

Étirement agissant sur la zone ingrate (photo de Marguerite Van Groeningen)

La formation instructeur est une aventure humaine en soit. Les liens d’amitiés créer lors de ces occasions font que nous nous retrouvons tous comme en famille où l’ambiance  chaleureuse n’empêche pas les taquineries ou diverses plaisanteries, mais fini toujours par des moments de partage.

Les accolades d’Akuzawa, les pitreries de Manabu et les troisièmes mi-temps qui terminaient chaque entraînement sont des moments inoubliables.

Détente après l'entraînement (photo de Sofong Leung)

Le contenu technique n’a presque pas varié depuis le dernier séminaire, mais il fut plus profond, insistant sur des points de détails qui auraient pu où nous ont échappé les fois précédentes. Les tanren, autrefois enseigné ont secret, étaient toujours à l’honneur et Akuzawa senseï donna sans restriction.

Cette fois-ci nous avons travaillé que trois d’entre eux; le shiko était travaillé beaucoup plus bas, plus lentement, mettant l’accent sur le rôle de la cage thoracique en cherchant à tout ramener vers l’intérieur (naka dake wo ugokasu- bouger seulement l’intérieur), vers le centre.

La 3ème mi-temps; ici avec des praticiennes du shiatsu et enseignantes de yoga

Le tenchijin ne fut pas oublié avec pour piste de travail cette recherche de corps connecté (tsunagatta joutai) et cette incessante volonté, recherche des sensations de pétrissage interne (karada wo nette ugokashite) afin d’obtenir un corps neutre. Ce terme de « neutre » dois être plus pris dans le sens d’entente et d’harmonie (kyôchô), en tout cas c’est comme cela que je l’ai compris.

Le troisième et non le moindre, Akuzawa n’a pas arrêté d’insister dessus, fut le maho, servi à toutes les sauces. Car tout travail sur le corps, sur l’état de la structure (joutai) et sur l’ajustement de la force de l’intérieur (karada no naka no hikara) découle de cette simple, en apparence en tout cas, position de base de cavalier.

Renkou; apprentissage des principes fondamentaux

Mais au niveau d’application pratique, travail du tsuki au bâton, des frappes dans le vide (frame punch) où sur un bouclier c’est la position jigotaï (le corps qui se défend) qui était utilisé. Des frappes sans les gants étaient beaucoup plus importantes que la dernière fois et c’est sur elles que nous avions conclu le séminaire avec des allers-retours interminables au dojo de Herblay. Ceux qui connaissent les lieux savent comment il est profond!

Maho et tsunagatta joutai

Les ukemi, encore une fois présent, furent exécutés pour leurs grande majorité avec les mains sur les genoux, en contact permanent et avec le regard sur le tori. Une nouvelle forme de travail libre sur la structure (frame work) fut introduite: une sorte d’age-te debout à l’instar du maho libre travaillé à chaque fois. Le principe du giri-giri travaillé dans l’application du shintaïjiku fut poussé plus loin avec une application sur l’attaque au coup de poing et le « ramassage » à l’intérieur de soi (naka ni irete) créer la force de l’adversaire à l’intérieur de notre propre corps.

Au niveau du retour personnel, j’ai été très agréablement surpris et content par la même occasion, de voir que mon travail en solo à porté ses fruits et que mes intuitions issuent de l’introspection permanente se sont vérifiés avec les explications d’Akuzawa senseï. Non seulement j’ai accru l’équilibre de ma structure, sensibilisé plus mon travail dans les axes, augmenté en puissance mais j’ai également augmenté ma sensibilité à lire la structure de l’autre.

Et les différents feedbacks accumulés lors de ces six jours me donnent du travail pour plusieurs mois. J’ose croire que je pourrais au moins tous les travailler avant le prochain séminaire.

Frame work en jigotaï

Autre chose est à noter, c’est la progression d’Akuzawa senseï lui-même. Sa forme de corps s’est encore peaufiné, effacé d’après certains même si sur des explications il tentait d’être le plus brut possible. Les variations (henka) sur l’utilisation de ses axes dans les six directions (roppou) ont montré qu’il a encore plus intériorisé, raccourci leurs utilisations.

Pour terminer je tenais à remercier Akuzawa senseï d’avoir fait le déplacement et d’avoir été si généreux avec nous tous malgré la récente tragédie qui a frappé le peuple nippon à Fukushima y’a à peine quelques semaines.

Arigato gozaimachta senseï.

Share This