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Les stages d’Aunkaï rassemblent des pratiquants issus de disciplines diverses. On a tendance à s’imaginer qu’ils viennent tous de l’aïkido ou des disciplines pieds/poings. Il n’en est rien. Même si c’est le cas pour une grande partie d’entre eux certains viennent des écoles de sabre.

J’avais déjà échangé à ce propos avec Farouk Benouali qui pratique et enseigne à Lyon l’école Ryushin Shouchi Ryu et qui à déjà participé aux stages que j’ai organisé.

Ce lien entre les deux pratiques m’intéresse beaucoup alors j’ai sauté sur l’opportunité d’avoir un pratiquant sous le coude pour lui demander quelques éclaircissements.

Julien, suit par intérêt personnel le cursus dit de la formation instructeur et à déjà participé à cinq formations intensives. Pratiquant de la Muso Shinden Ryu en iaïdo il était l’interlocuteur parfait pour cette mise au point.

Voici donc le point de vue de Julien sur son lien entre la praique de sabre et l’Aunkaï.

« Je suis venu au sabre par la littérature et une passion pour le Japon. Comme le coût d’acquisition du matériel/équipement et des cours sont très élevés, il m’a fallut du temps, et devenir jeune adulte actif pour commencer à pratiquer sérieusement.

Tout ça pour dire que je n’ai pas vingt ans de pratique et que je n’ai pas rencontré assez de sensei différents pour avoir du recul sur la pratique.  Je suis un néophyte. Et le iaïdo m’a attiré par ce qu’il s’agit d’une pratique japonaise. Kikentai.

Nakayama Hakudo, l'unité de se son corps contre Hashimoto Toyo. (tiré de l'ouvrage de J-P Réniez)

Durant les premiers cours, les premières années de cours peut-être j’ai fixé mon attention sur la réalisation correcte des katas. A voir ce que l’on pourrait qualifier une pratique « réaliste ». Je n’avais alors qu’une obsession : réussir une coupe. Or la réalisation d’une coupe dépasse le cadre mimétique du kata. Il ne suffit pas de déplacer son sabre de haut en bas. Une coupe doit engager tout le corps, et même au delà. Le vocabulaire du iaïdo conserve et transmet une expression pour définir l’unité du corps et de l’esprit dans la coupe : le  kikentai. Largo sensu  le kikentai peut s’apparenter à un exercice de coordination.

C’est là que l’Aunkai prend toute sa dimension et est  devenu central dans ma pratique.

Nakayama Hakudo, le lien entre le kata et la réalité, le kikentai (détail jambe/pied gauche uki gumo)

L’enseignement.

Mon professeur a déjà évoqué l’existence de lignes qui connectent le bras droit et la jambe gauche (la croix, juji en aunkai.)Il disait qu’on pouvait l’atteindre à force de travail. La méthode traditionnelle consiste à multiplier les suburi jusqu’à « casser » les épaules pour  obtenir un relâchement dans le haut du tronc ainsi qu’une coordination. C’est une partie du cœur de la problématique de l’aunkai, avec les notions de corps connecté, de structure (frame), et avec des exercices qui permettent de forger directement le corps pour obtenir cette connexion : les tanren.

Lors d’un stage de kendo, un pratiquant très avancé (7ème dan) me montra que lorsqu’il coupait, il tranchait non pas avec ces bras, mais avec toute la masse de son corps. Les  tanrens permettent de connecter toutes les parties du corps, afin de l’unifier. En ce sens ils sont pour moi une partie du chemin vers le kikentai. Ce qui

m’a convaincu de venir aux stages c’est une interview dans un Dragon déjà ancien où Akuzawa sensei disait que les professeurs n’enseignaient pas cette connection, soit parce qu’ils ne savaient pas le faire, soit parce qu’ils ne le voulaient pas. Akuzawa sensei l’enseigne. Je ne suis pas très doué, dans aucune des disciplines, mais j’essaye depuis de pratiquer dans ce sens, sans sacrifier un genou ou un coude, en travaillant à l’écoute de mes sensations (proprioception) à laquelle invite naturellement l’aunkai.

Shizei et zanchin.

Cette présence au corps accrue, à des répercussions sur deux autres aspects de ma  pratique: zanchin et  shisei.

Le  zanschin c’estla  vigilance. Avecl’aunkai elle se développe  corollairement à la présence à soi.  Shisei est le  corollaire du  kikentai.  Travailler sa posture est le cœur du travail de l’aunkai ; les principes qui animent le iaïdo/kendo et l’aunkai ne sont pas différents. L’aunkai représente un moyen d’atteindre le cœur des principes qui sous-tendent ces disciplines.

Me rappelle le jaillissement de puissance quasi primitif (commentaire de JD)

Conclusion.

Il me vient d’autres liens entre iaïdo et aunkai, comme la similitude entre le travail du nuki tsuke et le travail à deux dans l’aunkai. Et d’autres points que j’oublis. Je ne suis qu’un débutant, pardon pour les raccourcis et les imprécisions. Quoiqu’il en soit, j’ai l’impression de progresser dans ma pratique du sabre depuis que je suis les Master Class, et l’aunkai fait sens. Je n’arriverai sans doute pas au bout du chemin (existe-il ?). Je suis simplement content d’être un peu sur  la voie grâce à Akuzawa sensei,  et  je n’ai pas les mots pour  lui  exprimer ma gratitude tant la richesse de son enseignement m’apporte. »

Julien Dehut.

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